Figure de style - LA PÉRIPHRASE
Figure de style - LA PÉRIPHRASE
la périphrase vient d'une expression grecque signifiant « parler de façon détournée ». La périphrase remplace un mot A par une expression B :
- L'expression B est composée de plusieurs mots qui soulignent l'une des caractéristiques de A (notamment en exprimant un jugement favorable ou défavorable)
- A n'est pas explicité (il a disparu : il est remplacé par B)
- Absence totale de tout mot-outil signalant l'opération
La difficulté a principalement pour origine la caractéristique de A exprimée par B : même si on sait ce qu'est A, on ne sait pas forcément qu'il a la caractéristique B. La métonymie, elle, est presque toujours facile à comprendre car, si on connaît A, on connaît très fréquemment sa caractéristique B. En conséquence, la périphrase nécessite une bonne connaissance du sujet ou/et du contexte pour être comprise ; elle est souvent employée de ce fait dans l'ironie et a une fonction d'amplification (la périphrase euphémique, plus rare, a une fonction d'atténuation2) : l'expression périphrastique est généralement plus étendue et plus complexe que l'expression première ; sans le contexte communicationnel, le récepteur ne pourrait comprendre l'effet.
Le mot, en dialectique fait partie du vocabulaire théophrastéen. La périphrase est un mécanisme linguistique de bienséance, à l’œuvre dans la dénomination de nouveaux mots, dans les emprunts d'une langue à l'autre surtout. Par exemple le mot ascenseur a été traduit en allemand fahrstuhl qui désigne par périphrase la fonction de cet objet : « chaise qui va, qui se déplace ».
La figure s'apparente à la métonymie et à la métaphore dans leur fonctionnement : elle opère sur des relations de voisinage, les mots la composant appartiennent tous aux mêmes champs sémantique ou lexical que le terme substitué. Comme l'antonomase (mais à son inverse : les traits expriment le personnage), la périphrase désigne par exemple un personnage par une de ses actions qui est connue de tous. De Gaulle est l'« homme du » ou Balzac est l'« auteur de la Comédie humaine ». Un élément ou trait de l'objet est pris pour son tout ; la périphrase a donc ici un fonctionnement métonymique. Mais la figure peut tendre aussi vers la métaphore, comme dans l'expression poétique de Jean-Jacques Rousseau, dans La nouvelle Héloïse, à propos de l'eau : « cristal des fontaines ». Les fables également utilisent cette ressource d'image dévolue à la périphrase, le lion par exemple est « le roi des animaux ». L'emploi fréquent de périphrases peut confiner à la création éculée de clichés, lieux communs ou poncifs (voir les articles correspondants). Cependant malgré ces tendances à ressembler à d'autres figures, la périphrase est une figure autonome, de nature expansive.
Il existe plusieurs variantes à la périphrase :
- Les épithètes homériques sont des formes de périphrases
- Les périphrases verbales sont construites avec un semi-auxiliaire suivi d'un infinitif ; elles apportent des nuances supplémentaires : « Il n'arrête pas de chanter depuis qu'il sait qu'il va partir »
- la pronomination surtout est la variante la plus connue de la périphrase. Étymologiquement elle désigne un « nom donné à la place d'un autre ». Elle consiste à remplacer un mot unique par une expression plus ample et s'apparente à une antonomase.
Exemples
- Le billet vert : le dollar
- Le feu du ciel : la foudre
- Le pays du fromage : la France
- Le roi soleil : Louis XIV
- Les forces de l'ordre : la police
- Les combattants du feu : les pompiers