Après de nombreuses années
d’enseignement, d’études, de recherches, j’avoue éprouver un certain vague à
l’âme dans mon domaine professionnel… Je devrais plutôt parler d’une certaine frustration
- et même une frustration certaine : j’ai la sensation de n’avoir eu
aucune reconnaissance de mes valeurs de la part des différentes instances, et
ce quelle que soit l’époque.
Je m’exprime en mon nom
personnel, mais je ne suis pas seul à ressentir ce sentiment, et je pense
traduire ici le mal-être d’autres enseignants, qui eux aussi, ont l’impression
de subir et non de participer au bon fonctionnement de leur établissement.
Personnellement, j’ai intégré
l’Université Cadi Ayyad, Faculté des Sciences Juridiques, Economiques et
Sociales, en tant que chercheur depuis 1994. Ceci après avoir obtenu mon
Baccalauréat, Lettres modernes, et une Licence de quatre années, en Droit, section
française, à Fès, deux DEA, l’un en Sciences politiques, l’autres en finances
publiques et fiscalité, un Doctorat en Droit, finances territoriales, à Paris 2,
et une HDR, en cinq ans, après le Doctorat, en Droit Public Interne, à Paris 5,
puis un Doctorat d’Etat, en Droit, spécialité finances publiques et fiscalité,
à l’Université Cadi Ayyad, Marrakech, en 2004.
Cette expérience de plus de
quinze années d’études à l’étranger m’a donné la maîtrise d’une langue
supplémentaire, très utile dans mon activité professionnelle : j’enseigne
plusieurs matières, depuis 1994, en français et en arabe. Et au fur et à mesure
que j’avançais dans le métier et acquérais de l’expérience j’accumulais aussi
les cours et les spécialités en Droit, en Finance, en Fiscalité, en
Comptabilité, en Administration et en Méthode de recherche.
Avec toutes ces matières, ne
puis-je pas apporter, ne serait-ce que modestement, mon expertise à la
recherche et aux instances d’un établissement, d’une organisation ? Cela
fait maintenant 28 ans de recherche et d’enseignement, de responsabilité et
d’intégrité. Une longue expérience professionnelle au cours de laquelle j’ai
acquis, je peux le dire, un élargissement des compétences et un enrichissement
de la connaissance, du savoir et des aptitudes.
J’assume chaque semaine, sans
relâche, pendant toute l’année universitaire, quatre, puis cinq cours :
trois au premier cycle (S2 ; S3 arabe et français), trois au deuxième
cycle (S4, arabe et français ; S5) et trois au troisième cycle (3 cours de
Master), l’encadrement des doctorants et plus de trente heures par semaine de
préparation de ces cours. Tous mes
étudiants le savent, les professeurs aussi.
J’ajoute que j’ai écrit
plusieurs livres et une cinquantaine d’articles en arabe et en français, sur
des thèmes aussi variés que l’Administration, le droit administratif, le
contentieux administratif, la comptabilité, la Cour des comptes et les Cours
régionales des comptes, la méthode de recherche, l’histoire du droit, les
finances, la fiscalité, les élections, la décentralisation, la régionalisation,
la migration, la gouvernance, etc.
En conséquence, j’estime être
bien placé, je pense, pour donner mon opinion sur les affaires de
l’Etablissement, ou les formations dans différentes administrations.
Mais, encore une fois, cette
manière de penser n’est pas seulement la mienne, et il est certain qu’une
participation plus active -et reconnue- des enseignants, selon le mérite, la
qualité, mais aussi l’expérience, à
l’administration de leur établissement ne peut être que bénéfique et
valorisant, aussi bien pour celui-ci, que pour les étudiants ou les professeurs
eux-mêmes. Les élections ne reflètent pas la réalité et « ne passionnent
plus personne ».
Jilali Chabih, Professeur de
l’Enseignement Supérieur, Université Cadi Ayyad, FSJES, UCAM,
Marrakech 21 mai 2022
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